Anna est la forme latine de Anne qui est un équivalent anglais de Hannah (en perdant les « h » originaux aux deux extrémités). Hannah vient de l’hébreu Channah (חַנָּה) qui se traduit littéralement par » grâce, gracieuseté » à partir de la racine » hanan » qui signifie » il était gracieux, montrait de la faveur « . Cette étymologie prend tout son sens si l’on connaît l’histoire d’Hannah dans la Bible (1 Samuel 1-2). Incapable d’enfanter « parce que le Seigneur lui a fermé le ventre », Anne prie puissamment le Seigneur pour avoir un fils en promettant de « le donner au Seigneur tous les jours de sa vie ». Dieu entend les prières d’Anne et la « favorise » en lui donnant un fils (Samuel), d’où la signification du nom. Une fois l’enfant sevré (vers l’âge de quatre ou cinq ans à l’époque biblique), Anne fait ce qu’elle a promis et confie son fils au prêtre Eli pour qu’il l’élève au service de Dieu. C’est une bonne chose que Dieu ait écouté les prières d’Anne, car Samuel allait devenir l’un des plus grands dirigeants d’Israël et inaugurer la monarchie israélienne en oignant ses premiers rois, Saül puis David. Outre le lien étymologique entre Hannah et Anna, ce nom apparaît brièvement dans le Nouveau Testament (Évangile de Luc). Il s’agit d’une prophétesse pieuse qui a reconnu l’enfant Jésus comme le Messie. Cependant, l’importance clé d’Anna réside dans la tradition chrétienne qui n’est pas officiellement contenue dans la Bible, mais dans les apocryphes – l’Évangile de Jacques – dont on pense qu’il a été écrit vers le milieu du IIe siècle. L’évangile de Jacques traite de la naissance et de l’enfance de la Vierge Marie et nous présente les parents de Marie, Anna et Joachim (ce qui ferait d’Anna la grand-mère de Jésus). L’histoire d’Anna ressemble beaucoup à celle d’Hannah, dans l’Ancien Testament, en ce sens qu’elle est stérile, qu’elle prie Dieu pour avoir un enfant et qu’elle promet de dédier cet enfant au Seigneur en échange de sa « grâce, sa faveur ». Comme l’Évangile de Jacques n’est pas étayé par des preuves concrètes et historiques, la légende d’Anna et Joachim est devenue une tradition chrétienne plutôt que la « parole de Dieu » biblique officielle. En tant que parents présumés de la Vierge Marie, Anna et Joachim ont été placés sur le piédestal proverbial comme modèle pour tous les parents. En d’autres termes, Anna et Joachim ont certainement dû construire une structure familiale aimante grâce à leur dévotion à Dieu et au fondement de leur foi. Une telle éducation aurait permis à Marie de s’abandonner à Dieu et de se tenir courageusement aux côtés de son fils lors de sa crucifixion.
Il n’est pas surprenant que Sainte Anne (comme on l’appelle aujourd’hui) soit la patronne de toutes les mères chrétiennes et des femmes en couches. Les parents catholiques prient Sainte Anne pour avoir la force d’être de bons et fidèles parents. Vous comprenez maintenant parfaitement pourquoi Hannah/Anna sont des prénoms dont la popularité s’est répandue dans la tradition judéo-chrétienne de la culture occidentale. Hannah en hébreu -> Anna en latin -> Anne en anglais, et ainsi de suite dans d’autres langues. Prénom favori des religieuses françaises du Moyen Âge, les Normands ont introduit Anne en Angleterre au XIIIe siècle, bien que les Anglais aient d’abord abandonné le « e » en faveur d’Ann. Le prénom latin à deux syllabes, Anna, est toujours extrêmement populaire dans le monde occidental. C’est un des dix premiers choix en Autriche, en Hongrie, aux Pays-Bas, au Danemark et en Norvège. C’est également un favori en Italie, en Irlande du Nord, en Irlande et en Pologne. Sans oublier la Catalogne, le Canada, l’Écosse, les États-Unis, la Belgique et la France. Un véritable joyau international.
